Esquimautage !
Photo de Christophe prise par Camille.
Tout autour de moi, dans un bruit sourd étouffé par le poids de l'eau gargouillent des centaines de petites bulles, remontant du fond dans une eau bleue et limpide. J'ai les yeux exorbités et je me demande combien de temps il me reste avant de ne plus avoir d'air. Mon kayak est au dessus de moi, ce n'est pas sa position normale. Mes jambes sont toujours à l'intérieur du cockpit et j'écarte au maximum les genoux afin de rester bloqué à l'intérieur. Ça non plus, ce n'est pas normal . Mon instinct de survie devrait m'ordonner de prendre la boucle de ma jupe et de tirer dessus pour m'éjecter de ce piège en plastique « rotomoulé ». Mais parfois la survie va à l'encontre de l'instinct.
Sortir du bâteau, qui paraît être la solution la plus adéquate en cette situation, peut devenir bien plus embarrassante quand les flots sont agités et qu'il vous faut rembarquer. Une fois que l'on s'est trouvé trempé jusqu'aux os et le kayak rempli d'eau, on comprend vite après avoir galéré à remonter à bord et à vider un kayak qui se remplit à chaque vague, l'importance de l'esquimautage, cette technique qui permet de remettre rapidement l'esquif en position de navigation après retournement et sans sortir du kayak.
Je me dois donc de ne pas écouter mon instinct et de rester pour l'instant sous l'eau à ne faire plus qu'un avec mon embarcation. Je dois me rappeler tous les conseils de ROM, le copain qui m'a initié à l'esquimautage. Nous avons passé quelques heures au plan d'eau d'Apigné près de Rennes avec les amis du forum « Kayakistes de mer,org »,. Je n'y ai jamais réussi un « equimautage » bien qu'ayant bien visualisé et compris les différentes étapes. Mon appréhension m'empêchait d'être cohérent dans mes actions.
Dans un premier temps, je ramène les épaules vers le bord du kayak ce qui regroupe mon corps au centre du bateau au plus près de son axe de rotation, la pagaie bien en main devant moi, je maintiens celle-ci à la surface de l'eau puis je pose la pale de gauche sur le bord du kayak qui est hors de l'eau, la pale de droite qui longe le côté et qui prendra plus tard appui sur l'eau est légèrement inclinée vers le haut de façon à ne pas s'enfoncer au moment opportun.
Rester calme, ne pas s'affoler sont mes priorités. Respectons les étapes et tout ira bien. Je suis positionné pour « esquimauter » du coté droit. Je pousse sur la jambe gauche en forçant sur le cale pied, le kayak s'éloigne de ma tête et effectue un quart de tour sur son axe longitudinal. Mon corps vient perpendiculaire au coté du kayak et ma pagaie se déplace vers la droite. C'est le moment d'envoyer le « coup de boule ». J'enfonce ma tête dans l'eau ce qui la met ainsi que mon corps en flottaison sur l'eau et regroupe mon corps près de l'axe de rotation. Le kayak revient à sa position normale, Ma tête est encore dans l'eau, une poussée vers le bas sur la pagaie tout en déroulant doucement ma colonne vertébrale me permettra de sortir complètement de l'eau.
Ça y est, je suis sauvé !
Enfin pas tout à fait, au dessus de moi le plafond de la piscine St Nicolas à Laval et le hurlement à coté de moi, celui du jeune du CK LAVAL qui vient de me donner le conseil qui m'a permis de réussir ce premier esquimautage ! Il est heureux et moi aussi. J'en enchaîne ainsi plusieurs à la suite et les gestes semblent compris. Reste à le faire de chaque coté et en condition réelle. L'été devrait être amusant.
Merci à tout ceux qui m'ont accompagnés jusqu'à ce premier esquimautage, Rom, Jean Luc, Michel, Léa, Olivier et à ce jeune vu juste une fois à la piscine avant que ce satané « corona virus » n’interrompe les séances. Un petit coucou aussi à Josette, Florence, Guillaume et tous les copains du CK Laval.
Amitiés et à bientôt sur l'eau.
Thierry
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