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Contruction de ma première pagaie traditionnelle.

Reveur moi dessinSuite à l’achat de mon premier kayak, l’hiver qui suivit fut long à attendre le radoucissement de mars et c’est avec avidité que je dévorais sur internet les pages sur le kayak. Forcément  j’ai rencontré à un moment des récits et des images qui parlaient de cette fameuse pagaie. De quoi aiguiser mon envie d’action et ce fut rapidement que je décidais de me lancer. L’aide précieuse que je pouvais trouver sur les forums était aussi très incitative.

Je trouvais de plus dans ce projet des motivations très éloignées du sujet. Je ne suis pas très doué dans le travail du bois, cela principalement par manque de patience. Je décidais donc d’en profiter pour faire un travail sur moi et construire cette pagaie sans outil mécanique et surtout sans précipitation. Ce dernier challenge n’était pas gagné.

Avant de commencer, j’ai bien sûr dévoré tout ce qui se présentait sur le sujet. Il y a beaucoup de matières et j’ai dû faire des choix dans les méthodes et dans l’outillage.

Pour la méthode j’ai choisi celle de Marie Claude Saunier (Pagaiegroenlandaise marie claude saunierPagaiegroenlandaise marie claude saunier (337.97 Ko) mais j’ai aussi utilisé pour compléter celle de Chuck Holst en anglais (Makegreen2Makegreen2 (56.55 Ko). J’ai d’ailleurs traduit cette méthode que vous pouvez trouver ici :

Traduction pagaie groenlandaise chuck holstTraduction pagaie groenlandaise chuck holst (338.37 Ko)

La traduction n'est pas professionnelle mais éclaircit un peu les choses notamment les mesures ramenée en mesures métriques.

 

Je me suis cantonné à ces méthodes mais j’ai dû parfois prendre des décisions pour passer outre certaines côtes de par ma morphologie un peu particulière. J’ai les bras et jambes un tantinet plus courts que la moyenne générale.

 

Outils 2

Pour les outils, ceux que je possédais déjà étaient définitivement hors service de par des utilisations inappropriées ou des qualités de construction à la hauteur du faible prix d’achat. J’ai donc investi  dans un petit rabot de paume 15 €, une scie japonaise 25 euros, une wastringue 30 €, 3 ciseaux à bois 10 € et des serre-joints pour 10 €. Il faut rajouter à cela le papier pour poncer pour encore une dizaine d’euros. Pour l’établi, je dispose d’un établi fixe mais pas très adéquat pour le sens de travail de ce morceau de bois et d’un établi pliant qui me sortira d’affaire. Il n’y a pas à dire, le total de 100 € est un investissement qu’il faudra rentabiliser.

Bien que les outils soient neufs, je suis passé voir un menuisier de mes amis pour les affuter. J'aurai pu le faire moi même mais c'est encore un apprentissage supplémentaire que je verrai plus tard.

 

 

 

 

2 par 4

Manque le bois ! Il me fallait un 2 par 4, c'est le nom donné aux morceau qui font à peu près les mesures suivantes : 2,5 m de long par 0.10 m de large et 0,05 de haut Le Red Cedar est le bois le plus intéressant  par sa faible densité qui permet de faire des pagaies aux alentours de 750/800 grammes, mais pas facile d’en trouver en Mayenne  voire même impossible.

Après appel des scieries sur tout le département, impossible d’avoir ne serait-ce qu’un morceau de la taille d’une allumette dans ce bois. J’ai fini par trouver un constructeur de terrasse qui a bien voulu me faire un devis.  Le prix pour un morceau de Red Cedar en 2,5 m par 0.10 m et 0,05 de haut m’était donné à titre d’information dans les forums autours de 30 à 70 €. Le devis se montait à 250€, le prix d’une pagaie finie en début de gamme dans le commerce. En vérifiant sur internet je trouvais le M3 d’avivé de Red Cédar en grossiste à 1680 €, tarif pour les professionnels . Le morceau faisant 0.13 m3 il revient à 218 € hors coupe ce qui correspond au prix du devis. Qui croire ? Pour vérifier  Il faudrait que j’aille chez le grossiste indiqué par Michel un copain mais c’est à 2h00 de route.

On verra cela plus tard, je décidais de changer d’essence. Il y avait le lamellé collé de pin qui m’avait été vanté de par ses coûts moindres mais pour trouver des tasseaux de bois corrects, il me fallait passer des heures dans les magasins de bricolage. Je décidais de ne pas suivre ce chemin mais l'idée est conservée puisque le lamélé collé permet de faire une pagaie avec plusieurs essences de bois et donc d'avoir un superbe esthétisme.

Je trouvais mon bonheur avec du pin Douglas dans une scierie à  35 km de la maison pour 10 euros le morceau de bois raboté. Je demandais deux morceaux dans du pin droit de fil et sans nœud. Une semaine après j’allais chercher mes morceaux de bois heureux de pouvoir enfin commencer mon activité. Horreur ! Le bois n’avait pas 10 cm2 sans nœuds. Devant mon désappointement le scieur me proposait de me refaire les morceaux pour la semaine suivante mais en précisant qu’il était impossible d’avoir du Douglas sans nœuds.

Quelques jours plus tard, le bois était prêt …toujours avec des nœuds mais beaucoup moins. Je décidais de les prendre quand même histoire de me faire la main. Le scieur me fit les deux morceaux à 10 euros. Cool !

                                         

Pour info, il est possible d’avoir du pin douglas sans nœud comme vous pouvez le voir ci-dessous sur la photo d'une toue en contruction (bateau traditionnel navigant sur la Loire) et le fond est construit en pin douglas. D’après le constructeur de toues, il est possible d’avoir des pins droits sans nœud de plusieurs dizaines de mètres.

Toue

 

TracageBon revenons à notre pagaie. Tout est là maintenant et il n’y plus qu’à commencer le premier traçage pour le dégrossi de la forme en suivant les plans Marie Claude Saunier. Cette étape fut relativement aisée car les plans sont clairs.

 

 

Pour le sciage, je choisi de découper par petits morceaux à la scie japonaise. J’y ai mis toute mon attention pour arriver au plus près sans dépasser les cotes. Je verrai plus tard que j’avais par endroit dépassé de quelques dixièmes de millimètre et que c’était déjà trop.

Decoupe

 

 

 

 

 

Je peux maintenant attaquer le deuxième traçage. A un moment donné j’ai été bloqué car il y avait une partie que je ne comprenais pas dans la description de MC Saunier.  J'ai trouvé ma solution sur le plan de Chuck Holst. Avec le recul je me suis rendu compte que je n'avais pas pris le temps suffisant pour comprendre la partie de jonction de la pale au manche appelée "épaule".

J'ai donc pris les cotes données par C Holst qui donnent une autre forme à la pagaie.  

Coupe C HOLST

Coupe holst 1

Coupe AL SAUNIER

Coupe saunier 2

Trace pagaie h photo2

 

Au fur et à mesure, je prenais confiance en moi et je décidait d'aller plus loin dans la technique et d'incorporer un morceau de chêne en bout de pale.  Le pin étant fragile il s'abimerait suite aux chocs sur les rochers et les côtes de la manche en sont truffés. Je décidais de faire une fixation avec tenon  sur le rajout  et mortaise sur la pale.

 

Rajout chene2

 

 

 

 

 

 

 

Colle d40

Pour coller les deux morceaux il m'a fallu un bon bout de temps pour trouver la colle adéquate, car s'il est possible d'en trouver facilement chez tout bon shipshandler, ces derniers ne courent pas les rues en Mayenne. Là encore il y eu de long palabres sur le forum kayakiste de mer.org car il existe toutes sortes de colles plus ou moins adaptées. J'ai choisi la colle Pentax D4 trouvée chez Brico dépot.

 

 

 

Il ne restait plus qu'à raboter avec le rabot et la wastringue. Je n'ai pas de préférence pour l'un ou l'autre outil. Par moment il était plus judicieux d'utiliser l'un ou l'autre suivant ce que commandait le bois au regard des noeuds ou du sens des fils du bois qui parfois s'inversait. Les veines de bois offraient des résistances différentes qui m'obligeaient à énormément de précaution pour ne pas enlever trop de matière et la wastringue me semble plus adaptée pour la précision.

En cours de travail je me suis aperçu que le bois avait vrillé à l'endroit où le fil se tordait et que la pagaie n'était plus droite. Il n'y avait rien à faire pour corriger cela. Cela perturbait l'esthétisme mais je me rendrais compte après que cela ne gênait pas l'utilisation.

 

Après le dégrossi vint le temps du ponçage. Les quelques millimètres laissés en trop m'ont vite fait reprendre la wastringue pour arriver au plus près des cotes finales et d'un poids correct. Le poncage est long et si l'on voit bien le travail effectué coté esthétisme, les millimètres eux ne s'effacent pas vite. Par ailleurs le ponçage creuse les cernes blanches du bois, plus tendres, et il faut de temps à autre reprendre la wastringue pour rééquilibrer. Pour information, les cernes (ou veines) blanches, épaisses et tendres sont les cernes poussées pendant le printemps, les sombres, fines et dures sont celles de l'été.

Fils

 

 

 

 

 

 

 

 

Au bout d'un certain temps le bout de bois commençait à ressembler à une pagaie. Le premier pesage me la donnait à 1kg5 et l'épaisseur était encore trop importante.

Essai1Il fallait reprendre le dégrossissage à la wastringue et rabot et le ponçage. Je finis par arriver à un poids de 1kg200g. Pour certains c'est encore lourd mais j'en suis arrivé à un point où je crains pour la sollidité de la pagaie.

Avant utilisation il restait encore à l'imprégner d'huile de lin. Je choisi la méthode avec un mélange 50/50 avec de l'essence de térébenthine qui facilite l'imprégnation et le séchage. Je passais 3 à 4 couches par jour pendant  2 jours puis une couche par jour pendant 3 jours. Il est important de passer un coup de chiffon 1/4 heure après chaque couche pour enlever le surplus. Sans cette action le manche risque d'être gras.

Voici donc la pagaie finale qui subira toutefois par la suite encore un peu de ponçage, rabotage et  grattage aux épaules, l'humidité faisant gonfler les cernes blanches.

Pagaie cote

 

Bonne nav !

Thierry

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