PIRIAC sur mer avec Florian le 22/09/2018

C’est la fin d’un été gorgé de soleil qui inonde encore une bonne partie de la France, de quoi donner des envies de bouger. Le we était libre de toute occupation et je décidais de prendre à nouveau la mer. Après un regard sur la météo, le temps s’annonçait très pluvieux sur la côte nord de la Bretagne et plus clément sur le sud. Piriac sur mer et Le Croisic avec sa côte sauvage me tentaient bien et ce sera donc notre destination. Comme à mon habitude j'ai mis  un message sur les forums pour inviter des kayakistes à me rejoindre. Florian, que je ne connaissais pas encore, prit contact et nous avons échangé nos numéros de téléphone.

Je connais un peu cette partie du littoral pour y avoir pratiqué l’escalade sur les rochers de « la Côte Sauvage » et un peu d’apnée au pied des mêmes rochers. Pour la navigation, ces connaissances ne me serviront pas ou peu et je ferai donc entièrement confiance à Florian qui navigue régulièrement dans le coin.

Zone abritee piriac

 

La météo annonce des vents de 13 à 16 nœuds orientés sud-ouest avec des rafales aux environs des 25 nœuds. Florian me propose, la veille par téléphone, de partir de Port Lérat, un peu au sud de Piriac et de remonter au nord afin d’être protégés par la pointe du Castelli. Rendez-vous est pris pour le samedi matin à 09h00 à Port Lérat. J’arrive un petit quart d’heure en avance après avoir traversé les marais salants de Guérande par la route du milieu, route très agréable de par sa multitude de virages, surtout en cette saison et à cette heure. Alors que j’entamais une marche arrière pour me garer, Florian arrivait au parking. Après de brèves présentations nous décidons de remonter un peu la route pour aller au parking près des rochers du Grinsard où la pose au sol des kayaks sur de l’herbe serait un plus.

 

Florian est un jeune homme de 25 ans environ, tout empreint de simplicité. Ses yeux amusés et son sourire accroché au coin des lèvres me laissent entrevoir une personne agréable. Il doit bien se demander ce qu’il fait là avec ce vieux grigou barbu.

 

Il me  fallut un peu plus de temps que Florian pour m’équiper. En effet quelle que soit ma sortie, je pars toujours avec l’équipement complet, de la corne de brume à la VHF comme diraient certains copains « avec ceinture et bretelles » alors que Florian sur son surfski EPIC V7 est équipé ultra léger, kayak, gilet, pagaie et gourde.

La mise à l’eau des kayaks ne nécessite qu’un portage d’une dizaine de mettre alors que nous sommes 1 h avant la basse mer. La plage est toutefois très caillouteuse et je me dis qu’il me faudra être très attentif au retour.

Florian

Nous prenons la mer et après 300 m à peine je me rends compte être parti avec mes lunettes normales et sans le cordon de sécurité. En généra,l je prends des lunettes de soleil pour protéger la prunelle de mes yeux verts très sensibles à la lumière. Eh oui j’y tiens ! Il est encore possible de faire demi-tours. Le temps est plutôt gris et il serait surprenant que le soleil se montre. Je décide donc de rentrer mes verres dans la trappe de pont avant et de naviguer à l’ancienne, les yeux plissés à la Mister MAGOO.

C’est bizarre mais il me semble que la mer n’est pas aussi sage qu’elle aurait dû l’être et je trouve même qu’elle nous remue vigoureusement. Florian m’indique la direction à prendre et je vois devant moi des cailloux et des déferlantes. Il va nous falloir passer entre la pointe et un groupe de rochers encore en partie émergés ou viennent mourir en s’abattant bruyament quelques vagues de houle. Pour l’instant, même si ce n’est pas « tranquille, tranquille », c’est gérable. Comme à l’habitude dans ces conditions je trouve que mon bateau bouge beaucoup, mais il avance bien. Nous contournons la pointe du Castelli et comme par miracle, la mer se calme peu à peu pour devenir pratiquement lisse.

Moi piriac

Dommage pour Florian qui avait les oreilles au calme tant que j’avais besoin de concentration. Il est parti maintenant pour deux bonnes heures de papotages effrénés. En effet, je suis bavard. Je me dis tout le temps que je dois apprendre à me limiter mais c’est peine perdue. J’aime partager et raconter. Il va être servi, le pauvre. Nous naviguons tranquillement jusqu’à quelque centaines de mètres de la pointe de Merquer et je signale à Florian qu’il serait peut-être temps de faire demi tours si je ne voulais pas trop faire attendre, DOM,  mon épouse qui patiente dans la caravane au « camping du Paradis » situé au « Croisic ».

La manœuvre se fit en douceur et je pris le temps de prendre quelques photos mais pas assez pour qu'elles soient belles. En effet avec mon appareil photo, un baroudeur de chez RICOH, je n’ai pas encore pris l’habitude de pointer la zone de netteté. Arrivé à la maison je me rendrai compte que j’ai toujours pris le bout du kayak net et le paysage flou.

Nous avançons encore un peu sur le retour et Florian me signale un groupe de kayakistes qui s’avance vers nous. Nous obliquons légèrement à droite pour les rejoindre et nous faisons rapidement jonction. C’est un groupe de l’association CKmer en sortie pour la journée. Nous échangeons un peu sur l’association dont je suis membre et j’ai pu me rendre compte que mon prénom était déjà connu notamment grâce à mes déboires dans le golf du Morbihan que je vous raconterai plus tard. Ma foi,  j’ai trouvé le groupe vraiment très enjoué et sympathique. Nous avions face à nous de beaux visages affichant de grands sourires et l’on sentait l’envie d’échanger. Il nous faudra pourtant bien les quitter mais c’est sûr, nous nous reverrons.

 

Ck mer piriac


Nous approchons du port de Piriac et Florian me conseille de me rapprocher des falaises car le vent se fait de nouveau sentir. Il nous faut nous économiser. J’ai bien entendu le message mais je me rends compte, après quelques dizaines de minutes, que je ne me suis pas assez rapproché et que je navigue toujours dans le vent. Je corrige la direction, un peu tard car nous arrivons déjà à la pointe Castelli.

L’inquiétude est montée en regardant vers la pointe car il me semble bien que le vent a très nettement forci. Je le signale à Florian, mais il avait dû s’en rendre compte car depuis peu, j’étais un tantinet moins bavard.

De toute façon il faut y aller et il ne nous reste qu’un quart d’heure de navigation pour être de retour à la plage de départ. Nous croisons sur les cailloux deux « apnéistes » qui pêchent dans les rochers. Ils n’ont vraiment pas froid aux yeux car ça bouge et ils sont vraiment au plus près des roches. Je m’engage dans la passe et je peux sentir la force du vent sur mon visage. Je pagaie vigoureusement ... puis très vigoureusement. J’ai l’impression de ne pas avancer. Je prends des repères et me rend compte que cela progresse quand même. Une rafale de vent bien sentie nous passe dessus et mon kayak se met travers au vent. Je tente de le redresser sans succès. N’étant pas encore très aguerri, je n’ai pas forcément l’automatisme de mettre en œuvre  les techniques apprises. Je me souviens d’un coup que la gite est très utile pour virer. Je me penche donc, après un petit moment de réflexion, du côté opposé à celui où je veux aller et je pagaie, je pagaie. Toujours pas de résultat. Ah oui, je peux aussi prendre ma pagaie groenlandaise en bout de pale pour effectuer des circulaires plus larges. Je pagaie large, je penche, j’oublie de pencher,  je repenche, je pagaie large tout cela en peu de temps avec un kayak qui semble être le jouet du vent. Je suis tendu. Dois-je mettre la dérive ? Je la mets, je l’enlève, cela ne change rien. Je force mais j’ai peur de m’abimer un tendon ou un muscle. Et d’un seul coup, un peu de fraicheur. Bon ca y est, je suis à l’eau, coincé entre mon kayak et celui de Florian qui s’est rapidement rapproché me voyant sous l'eau. Je n'ai même pas tenté un esquimautage qui aurait pourtant été la meilleure chose à faire. Pour l’instant, je n'ai qu'un seule idée, insistante, dans ma tête. Tenir mon kayak et ma pagaie. A peine ai-je eu le temps de reprendre mes esprits que je vois Florian sauter de son bateau pour se retrouver face à moi.

« Tu fais quoi dans l’eau ? »

 « Et bien je viens t’aider ! » Ca c'est gentil et courageux. Merci Florian.

« Tu n’as jamais fait de manœuvre de sauvetage à deux kayaks ? »

« Non ! »

Je lui demande alors de remonter dans son bateau où il nous sera plus utile. C'est un kayak Sit On top, un kayak sur lequel on est assis. La remontée est plus simple que pour le mien, pourvu que l’on soit en forme car il faut quand même tirer sur les bras pour remonter.

Etonnamment, une fois dans l’eau et après avoir jeté un regard circulaire sur les rochers, je me sens calme. Le vent souffle vers Piriac et nous éloignera des rochers. Ce sens me va bien. Je n’ai pas le temps d’expliquer en détail à Florian ce que nous allons mettre en œuvre pour remonter le bonhomme dans son bateau aussi je lui demande les actions les une à la suite des autres. Je vérifie l’intérieur du kayak pour voir s’il y a beaucoup d’eau dedans. Normalement, d’après mes observations en lac, il ne se remplit que peu. Bon là, en mer agitée, ce n’est pas la même chose. Il nous faut le vider. Je m’accroche à la pointe avant du kayak de Florian en gardant ma pagaie et je lui demande de prendre mon bateau par la proue, afin de le hisser un peu sur son pont, avant d’effectuer une rotation du kayak pour le vider. Florian comprend vite et la manœuvre est rapidement exécutée. Il me faut maintenant remonter à bord. Florian glisse mon kayak le long du sien et je lui demande de le tenir fermement. Je me hisse le ventre sur l’arrière de mon hiloire pour attraper sa ligne de vie. Je vois un fil noir, je le saisis mais le trouve souple. Sur le bateau de Florian il n’y a pas de ligne de vie mais juste un élastique. Tant pis je saisis l’élastique au plus près des fixations pour me maintenir sur mon bateau, sans forcer, et je crochète l’hiloire avec ma jambe gauche avant de la rentrer complètement dans le cockpit. Il ne me reste plus qu’à rentrer la jambe droite et à effectuer une rotation du corps pour rentrer dans le bateau. Oui mais … non. Le bateau prend une vague de côté et me revoilà à l’eau. Ce n’est pas grave car la manœuvre est comprise et nous reprenons le tout. En moins de deux minutes je me retrouve assis prêt à pagayer. Ah zut, je suis assis sur ma jupe et j'ai beau tirer et bouger mon arrière train, impossible de la décoincer. C'est un détail qui m'avait pourtant bien été expliqué par Vincent lors du stage débutant. Florian vient une nouvelle fois à mon aide et libère la jupe que je m'empresse de mettre en place. Il y a encore, malgré tout, de l’eau à être rentrée dans "l'habitacle" pendant l’action. Je tente de pagayer comme cela mais le bateau est très instable. Le courant nous a éloignés et nous sommes maintenant dans des eaux un peu plus calmes. Je vais pouvoir utiliser la pompe vide-cale achetée récemment et les essais effectués en lac me seront utiles. Après avoir rangé ma pagaie sur le pont,  j'écarte légèrement la jupe sur le côté de l'hiloire afin d’y glisser la pompe. Je serre le corps de la pompe entre mes cuisses et maintiens le haut bloqué sur l’hiloire en refermant au mieux la jupe autour de la pompe pour éviter les rentrées d’eau. Et je pompe. Cela fait rire Florian qui me dit qu’il aura découvert cet accessoire  aujourd’hui.

 

Moi piriac vent

Bon,ce n’est pas tout, il nous faut passer. Florian me demande si je ne veux pas plutôt utiliser ma pagaie européenne. L’idée est bonne car j’aurai plus de puissance. Mais cette idée s'avère négative. Le vent souffle sur la pagaie et mes gestes sont inefficaces. Je sens la pagaie qui tourne dans mes mains. Après quelques essais, la fatigue se faisant sentir et l'idée d'une arrivée mouvementé sur la plage de cailloux faisant naitre en moi quelques inquiétudes, je propose à Florian de rejoindre la plage St MICHEL de PIRIAC. Après avoir tenté gentiment de me convaincre de poursuivre, il me propose de me raccompagner vers la plage et de repartir en bateau, après, pour aller chercher un véhicule. Je regarde vers les cailloux presque blancs d’écume et lui demande s’il est sûr de vouloir y retourner. Il me dit avoir eu bien pire dans ce lieu. Arrivé à la plage, il regarde vers la pointe et se range à ma proposition, le vent forcissant encore.

C’est avec un peu de satisfaction que je retrouvais la terre ferme. Nous étions sur la plage face à ce qui devait être l’ancien local de la SNSM transformé aujourd’hui en poste de surveillance. Après avoir remonté les bateaux non loin du parking, non sans avoir vidé le mien en cours de route, un peu lourd de l’eau qu’il contenait encore, Florian se propose d’aller chercher sa voiture à pied. Pour lui, il n'y a qu'un quart d’heure de marche. Je dois avouer ne pas avoir cherché à y aller moi-même. Je fus surpris de le voir arriver au bout du temps prévu. Le bougre avait parcouru le chemin en courant sur ses chaussons néoprène. La longueur du retour ensuite en voiture m’a fait remarquer qu’il devait avoir, de plus, une très bonne foulée.

Peu de temps après, nous étions arrivés à nos véhicules et il ne fallut pas longtemps pour ranger le matériel. Dommage toutefois que nous n'ayons pas pris le temps de prendre un verre et de nous refaire la sortie au chaud. Nous en aurions certainement beaucoup ri. Ce sera pour une autre fois.

MERCI Florian ! Merci pour cette matinée pleine d’émotions et d’enseignements. Merci pour ta gentillesse et ta générosité et à bientôt sur l’eau.

Cette sortie aura confirmé ce que je ressentais déja fortement. Ce kayak est un HV, Hight Volume, et il a sans doute besoin pour être à son top de stabilité d'être chargé un minimum. J'avais déja récupéré deux bidons de 5 litres que je prévoyais de remplir d'eau pour les charger à bord lors de sorties à la journée. Il va falloir que je mette cela en oeuvre pour tester.

Voilà amis lecteurs, ce récit est terminé. Place à de nouvelles aventures et bonne « nav » à vous !

Commentaires

  • Florian
    • 1. Florian Le 17/03/2020
    Voila que je retombe sur ton blog par hasard , super récit merci sa rappelle des souvenir ;)

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